Le levage de la 241P9
Enfin l’opération tant attendue depuis de nombreuses années est arrivée !
Tout d’abord un petit aparté pour les néophytes : Au chemin de fer, le levage d’une locomotive ou de n’importe quel matériel ferroviaire roulant consiste à séparer le châssis ou la caisse suivant le type de matériel de ses essieux ou de ses bogies pour effectuer de grosses réparations mécaniques et ceci jusqu’à la remise sur roues.
En dépôt, l’équipe qui réalisait ces opérations était souvent dénommée : « équipe GO » (gros organes).
Revenons à notre belle locomotive : la 241 P 9 :
Cette opération consistait à la remise sur roue (bissel, essieux moteurs et bogie) du châssis.
Après avoir contrôlé et révisé le châssis, repris les rappliques de boîtes d’essieux, révisé bissel et bogie, réparé les corps de boîtes d’essieux, refait les coussinets et leurs tampons graisseurs, remplacé axes et bagues hors tolérance et surtout ….. fait réviser les essieux par un atelier spécialisé et agréé par la SNCF en Allemagne (opérations qui ont pris de nombreuses années de tergiversation et par la suite beaucoup de travail et là je pense surtout à la prise de cotes et les contrôles dimensionnels approfondis des coussinets, nécessaires à un ajustement parfait avec les portées d’essieux), donc toutes ces opérations terminées, il a fallu étudier l’organisation et convenir d’une date pour la remise sur roues de notre loco.
Cela avait déjà commencé par le contrôle technique des chevalets de levage. On ne fait pas une opération de ce genre sans avoir l’assurance que les outils utilisés sont fiables et sûrs, sachant qu’on lève une masse de 80 tonnes à une hauteur de 3 mètres.
Une fois ce contrôle effectué par un organisme certifié, la mise à niveau de la machine sur les becs des chevalets de levage (vérins à vis) a été réalisée.
Le déroulé du levage.
La veille du levage, un briefing a eu lieu avec pour thèmes :
– l’organisation du levage, la sécurité,
– la constitution des équipes, une par côté de machine + une pour la logistique, avec du renfort venu d’associations de même vocation (AAATV-SPDC, AJECTA, GECP),
– l’aspect technique sur lequel une attention particulière devait se faire, notamment, entre autres, sur l’emboîtement des boîtes d’essieux moteurs dans le châssis de la loco.
Le jour J de la remise sur roues est enfin arrivé :
Chacun a pris place à son poste, sous le contrôle d’un « chef d’équipe » (un par côté de la machine) en liaison avec le coordinateur de l’opération.
L’opération a débuté à 09h00 et s’est réalisé tout au long de la journée sans soucis particulier sauf un petit incident mécanique sans gravité corrigé dans la semaine.
Le déroulé de l’opération est retracé par un petit film en accéléré. Le lien apparaît ci-dessous :
Le levage v2 4 4 (youtube.com)
Pour compléter ce film, la remise sur roues s’est faite en plusieurs étapes :
– Levage du châssis de 20cm afin de retirer toutes les poutres de calage :
– Levage de 1,50m pour placer le bissel sous le châssis, retirer son lorry provisoire et caler la queue de bissel sur les rails à l’aide d’une poutre :
– Levage sur une hauteur d’environ 3m pour permettre le passage des roues des essieux moteurs + la mise en place du bogie :
– Descente du châssis sur ses roues par petites étapes nécessaires au positionnement des boîtes d’essieux moteurs dans le châssis et au positionnement des pivots de bissel et bogie :
– Mise en place des cales de préréglage de la suspension sur les boîtes des essieux moteurs et …. fin de l’opération.
A ce jour après quelques vérifications supplémentaires et quelques ajustements de réglages, le remontage des balanciers de suspension et de la timonerie de frein est effectué.
Bravo à l’équipe !